LA RESTRUCTURATION DU MILIEU CARCERAL : UNE VOLONTE DE L’EXECUTIF

De manière triviale, le prisonnier est une personne vivant en prison. La prison quant à elle, est un lieu correctionnel, qui accueille des individus déviant en société. Tous autant que nous sommes, avons une connaissance aussi infime soit elle, sur les actes à poser qui nous ouvrirait les portes du séjour du milieu carcéral. Que ce soit une émanation d’un récit de vie personnel (l’histoire d’un proche ou de soi-même), ou un récit fictif parfois calqué sur la réalité (les films). Ceci étant, la notion de nul n’est censée ignorer la loi au plein droit de trouver ses marques.

Regard panoramique sur le milieu carcéral

Cet article ne se donne pas la mission d’apporter des éléments  additifs à la connaissance des uns et des autres. Pour des profanes, il pose les jalons de ce qu’est la prison en elle. Chaque région du Cameroun dispose d’au moins une prison. Sur cette base, on peut dénombrer dix prisons dans l’ensemble du territoire camerounais. La configuration de celle-ci prévoit une population inférieure ou égale à seize mille habitants. La dite population regroupée en quartier. Le quartier ici est ce que le pavillon est pour le milieu sanitaire (hôpital). Tout comme on a le bloc opératoire, administratif, la maternité, la salle de couche, les urgences etc., le milieu carcéral obéit aussi à une telle configuration. Le quartier des mineurs, femmes, et adultes. Sans aucun doute, les bâtiments administratifs y sont. A la seule différence de ce que les films américains et français nous présentent très souvent, les détenus au Cameroun ne sont point identifiables par le vestimentaire. Chacun se gère à sa guise et se vêtit comme bon lui semble.

Quand le bémol prend le pas

De 2016 à nos jours, la population carcérale a quasiment doublé voire triplé. De seize milles occupants en 2016 à trente-deux milles en 2020, il y a de quoi se poser les questions. Comment dorment-ils ? Suffisent-ils dans ces logements étroits ? Quels sont les risques sanitaires encourus par cette partie de la population ? Sont-ils suffisamment pris en soin pour palier à certaines épidémies ? Que fait l’Etat pour décongestionner ce surplus de population quand bien même nous savons qu’à cause de l’incendie survenu il y a quelques temps à la prison centrale de New Bell, cet espace de vie s’est rétréci ? Qu’est ce qui traduit ce mutisme de la classe dirigeante ? La compréhension de ces interrogations imposent une rétrospective sur la forme d’Etat qui est nôtre et ses composantes.

Du législatif à l’exécutif

Au Cameroun, on dispose du pouvoir judiciaire, législatif et exécutif. Ce qui retient notre attention dans ce numéro est le législatif et l’exécutif. Tout récemment, malgré les tensions nationales, le Cameroun a eu l’opportunité d’organiser les élections municipales et législative. Lesquelles donnent la possibilité d’avoir les maires à la tête de chaque commune d’arrondissement, et les députés qui sont les portes paroles du peuple que nous sommes. Ceux-ci (députés) ont la mission de faire voter les lois qui sont soumises à la hiérarchie pour validation et mise en application. Ces derniers ont statués sur ce qu’on qualifie ici de peines alternatives afin d’alléger, apporter un élément de réponse aux doléances des personnes vivants en prison. Depuis 2016, malgré la volonté et l’engouement qui sont leur, l’exécutif (le président de la république) n’a pas encore donné un avis favorable à cette requête. Ajouter à cet état de fait, les propositions (constructions de nouvelles prisons, mis en application des peines alternatives …) de l’ensemble des présidents de cour d’appel du Cameroun n’a toujours pas trouvé le chemin de la satisfaction. Fin de compte, la situation au sein du milieu carcéral reste la même jusqu’à nos jours.

Les principales peines au Cameroun

Depuis le début, nous évoquons l’expression peine alternatives.  Avant d’y arriver, notons que le code pénal camerounais distingue trois types de peines:

  • Les peines principales

Celles-ci sont constituées de la peine de mort, l’emprisonnement et même des amendes

  • Les peines accessoires

Comprenant les amendes, la dénonciation, le scellé ou la fermeture d’un établissement

A ces deux peines, se greffe une intermédiaire qualifié de peines alternatives. Celle-ci est appliquée pour des délits mineurs sur une personne qui a reçu une condamnation inférieure ou égale à deux ans. Dans ce cas, il devra être soumis aux travaux d’intérêt public. Ils peuvent être constitués du balayage de la rue, l’exercice des petits travaux utiles à la société toute entière. Les questions peuvent être posées : pourquoi la non applicabilité ? Qu’est-ce qu’un délit mineur ? À quel moment doit-on estimer qu’il s’agit bel et bien d’un ? Elles restent du ressort de l’exécutif qui jusqu’ici n’a pas signé la mise en application d’une telle loi.

L’action de la société civile : le cas du COE

Parler de société civile, fais allusion aux associations, ONG etc. tout récemment, le COE (Centro Orientamento Educativo) s’est prêté au jeu de la sensibilisation en rassemblant plusieurs participants pour présenter la vision et permettre à chacun de toucher du doigt un tant soit peu la réalité du milieu carcéral. Faisant de ce milieu sa cible première, l’échange consistait à recueillir les avis des uns et des autres, informé, sensibilisé sur les actes citoyens louables. Parce que nul n’est censé ignorer la loi, tout était mis en œuvre pour que même le profane découvre, comprenne de quoi il était question. Tour à tour, au bout de plus de 120 minutes d’interaction, l’objectif visé fut atteint.

Notons cependant que, le COE s’intéresse au milieu carcéral et à la vie après la prison. Elle accompagne les détenus pendant leur séjour carcéral et même après. Pour ceux laisé par la société ou en carence financière, elle octroie des avocats (que l’on pourrait qualifier de commis d’office) pour assurer la plaidoirie de ces derniers. Elle met à la disposition de certains Ex détenus des formations adaptées au niveau de chacun afin d’assurer leur réinsertion socio professionnel.

Parce que le vécu carcéral n’est pas toujours aisé, et parce que les dommages peuvent être irréversibles, le COE assure les médiations, les cellules d’écoute entre les parties concernées pour instaurer et renforcer le tissu social la cohésion familiale. Au regard de cette réalité susmentionnée, il est clair que la condition des populations en milieu carcéral ne changera que par volonté politique. Si l’exécutif n’y apporte pas de solution et continue de jouer à la carte du silence face à ce fait, il est clair que, aucun député, aucune autre entité gouvernementale ne pourra solutionner cela. En attendant que la grâce s’épuise, continuons de prier que le chef continue d’accorder des faveurs de temps à autre.

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